Reservoir A
RESERVOIR A
Julien Dailly, Georgios Maillis sont originaires de Charleroi et y travaillent. Le fait relèverait du détail s’il s’agissait de Liège ou de Bruxelles. En installant leur bureau au cœur de la ville basse, les deux architectes témoignent d’une ambition qui déborde l’attachement sentimental. Il n’est pas anodin que RESERVOIR A s’installe dans la ville dans l’immédiat après coup des « affaires » qui ont ébranlé, c’est un euphémisme, le landerneau politique carolorégien. Ils ne sont pas les seuls d’ailleurs à y avoir vu les prémisses d’une prise de conscience collective du potentiel de la cité et de l’enjeu que représentait la culture dans un univers sinistré et défait, mais enfin ouvert à son inéluctable métamorphose.
De cette évolution, tout est incertain sauf ceci : Charleroi n’a jamais cultivé le charme provincial et petit bourgeois des villes dont les monuments et les vieux pavés attestent d’une identité immuable et tranquille, les dégageant des enjeux de l’immédiateté. Ici, on n’a jamais hésité à déplacer une rivière, à construire une autoroute aérienne ou à voisiner avec l’industrie. Si ce sens pratique relève plus de la plomberie que de l’urbanisme, il a généré une topographie multipliant la discontinuité au profit d’une diversité de styles outrancière et vagabonde, parfaitement jubilatoire…
Nul ne sait ce qu’auraient été les intentions des architectes en dehors de ce contexte. Mais il est à parier que celui-ci a compté. Les projets développés par le bureau ont ceci en commun de ne jamais s’inscrire dans une variation sérielle multipliant la répétition au profit d’une absconde illusion stylistique. L’unité tient d’abord, contre toutes dérives formalistes, en un sens aigu du paysage combiné à une sensibilité éprouvée du contexte socio- anthropologique dans lequel les architectes s’inscrivent.
Si chaque projet, du plus grand au plus modeste, repose avant tout sur une approche compréhensive des attentes des maîtres d’ouvrage l’élaboration du programme ne se réduit jamais en une addition de fonctions. Loin de s’inscrire à contre courant du projet moderniste de l’ « habitat machine », les architectes cherchent néanmoins à se libérer des carcans mécanicistes et hygiénistes ayant trop souvent réduit le jugement sur l’architecture aux seuls critères économiques et écologiques – laissant aux décorateurs et aux designers de tout poils le soin de palier, de façon parfois aussi opulente qu’illusoire, à la misère spatiale.
Scénario.
L’espace est une géographie qu’il faudrait toujours pouvoir étendre. Serait-ce d’un regard, chacun peut épouser l’horizon. L’architecture serait alors un interstice, une suite de seuils, de lignes de fuites. Chaque projet développé par RESERVOIR A tient en cette recherche de perspectives. Si les ouvertures sur les paysages extérieurs participent de cet enjeu, les espaces intérieurs s’articulent selon une suite de scénarios en appelant à toutes les projections subjectives. L’espace doit être bon à vivre et à penser. Il est à prendre et invite à ce qu’on s’y inscrive librement. L’architecture se conçoit dès lors selon les principes d’une construction à quatre mains : si les architectes étendent la carte, libre aux usagers d’en imaginer les balises et d’en étendre les potentialités narratives.
Cet idéal d’architecture, s’il se nourrit de l’héritage minimaliste, sait aussi s’en distancier. Les potentialités d’un lieu sont étroitement liées à des choix d’ordre plastique dont les vertus ne tiennent pas en leur effacement. Si le terme n’était pas suranné, on évoquerait le lyrisme. A tout le moins, une recherche plastique inspirée, cherchant à s’affranchir de facilités qui, si elles flattent le regard et le goût, ne sont jamais à même de nous engager vers un nouveau possible.
Dès lors, l’intégration d’un bâtiment dans le contexte urbain ne se conjugue ici selon la logique du même. L’association doit renforcer l’identité du lieu et générer de nouvelles prises sur le paysage. Si les volumes se posent sans complexes, c’est surtout pour asseoir les échappées qu’ils génèrent : leurs qualités ne se conçoivent qu’en rapport avec la vivacité presque aérienne des espaces qu’ils dessinent et organisent.
Aventureuse, exploratrice et souple, l’architecture développée par RESERVOIR A intègre tous les aspects susceptibles d’en étendre le sens et la portée. Elle se conçoit selon les termes d’un rapport dialogique intégrant les potentialités d’un contexte, la présence d’une forme et le désir d’un récit à habiter.
Benoit DUSART
Our stores
-
No Trouble Genappe
- Address:
- Rue Bruyère d’Elvigne, 6 1470 Genappe Belgique
- Phone:
- +32475415493
Our strengths
- 20 years experience
- Quick delivery
- Tailor-made services
- Secure payment